Peyi vert était en visite le 19 décembre 2024 pour assister aux dernières plantations sur le site du Foyer de l’espérance Patronage Saint-Louis. Nul ne se doute que sur les hauteurs de Fort-de-France, derrière le CHU, cet établissement aux multiples actions sociales développe également une cacaoyère dans une parcelle forestière qui longe les berges de la rivière Monsieur.
L’action sociale et l’entretien des plantations de cacao
Philippe Souet, à l’initiative de ce projet tient à rappeler la vocation sociale du foyer de l’Espérance qui a été créé en 1907 à la suite des tragédies qui ont suivi l’éruption de la montagne Pelée. Il porte ce nom en lien avec l’ancienne maison de correction, aujourd’hui devenue la MECS qui est le foyer qui accueille les enfants en grandes difficultés, victimes de violence et retirés aux familles sous décision de justice. Sur le site, il y a également l’école St Jean Paul II (primaire, collège et lycée professionnel) et « EFI » (Esperance Formation Insertion) qui regroupe plusieurs dispositifs d’insertion dont les chantiers d’insertion. L’un concerne le recyclage du bois, et l’autre, celui qui nous intéresse aujourd’hui s’appelle « les jardins de l’Esperance » et regroupe les activités de pépinière, la cacaoyère et la production agricole avec une volonté d’autosuffisance par rapport à l’approvisionnement de la cantine à terme (culture sous serre, compostage des déchets, tout est pensé en lien avec l’environnement).
Ceux qui travaillent sur ce chantier d’insertion restent de quelques mois à 2 ans, et ont la possibilité également de tester leur projet grandeur nature (actuellement, une jeune femme fait des essais de culture et de transformation des plantes médicinales sur une petite parcelle mise à disposition). Ils ont également possibilité de faire des stages en immersion dans des entreprises. Ils sont en formation et rémunérés pendant la durée de leur cursus. Les compétences acquises sont généralistes et ne les destinent pas forcément à occuper des métiers de paysagistes ou dans le secteur de l’agriculture.
3 ans de plantations au foyer de l’Espérance
En tout, depuis 2022, ce sont 1500 cacaoyers qui ont été livrés sur le site et plantés sur trois zones distinctes. Aujourd’hui, les premiers enseignements sont visibles puisque comme le remarquent Elsa Cypria et Jean-Michel Lordinot, tous deux passionnés, encadrants sur le chantier d’insertion et moteurs de la plantation. Derrière le stade, au niveau de la première zone de plantation (2022), le couvert forestier est dense. La culture du cacao se fait en couvert forestier si l’on en croit la littérature, mais force est de constater que ceux de la deuxième tranche (2023), qui bénéficient davantage d’ensoleillement suite à un éclaircissement des bambous de la clairière et de l’ombre des bananiers sont déjà plus grands que leurs aînés. La troisième tranche est en cours de finalisation le long de la rivière Monsieur. Il ne reste qu’une cinquantaine des 500 cacaoyers livrés en septembre grâce aux dons de la Fondation Club Med sur 3 ans, les trous ont déjà été préparés pour une partie d’entre eux, et un petit morceau de terrain doit encore être défriché… cela sent la fin du chantier !
Ou plutôt, le début d’un autre puisqu’il y a aussi cette idée de continuer à planter le long du parcours de santé et senteurs. Un appel du pied à un futur mécène qui serait intéressé pour contribuer à l’achat de plants aromatiques par exemple.
Des tablettes de chocolat de l’Espérance
Et puis, il y a aussi ce partenariat avec Lauzéa et le projet de créer les tablettes de l’Espérance. Un cacao produit sur place et pourquoi pas, en partie transformé, car avant de finir en tablette, il faut récolter, décabosser, sécher, fermenter, torréfier… cette future structure permettrait par exemple d’enseigner la compta, la gestion. Ce serait l’opportunité de créer un nouveau chantier d’insertion, cette fois en transformation agroalimentaire. Un beau projet pédagogique en perspective !
Nous leur souhaitons une belle continuation dans ce projet ainsi que dans la mise en valeur du site qui est également en cours avec l’installation d’agrès de l’ONF sur le parcours de santé sur lequel il fait bon cheminer.
